Bon, le Gédéon t’a expliqué, en causant de l’hélicohuelle dans ULM Info, en quoi l’ULM est une grande famille, tout ça. Une famille ordinaire, même, avec des enfants plus ou moins sages, et toujours, aussi, celui qui se la pète et tout le genre. Dans chaque famille, il y a aussi, bien souvent, le celui un peu rebelle, un peu style je joue tout seul dans mon coin, je veux bien porter le même nom que vous vu que j’y peux rien, mais lâchez-moi la grappe, le gigot-fayots du dimanche, très peu pour moi, je préfère aller fumer des oinjs avec mes potes. Bon ça, en général, il le précise pas, mais c’est ça que ça veut dire, en gros.
L’ULM l’a, le celui-là, son rebelle, que dit le Gédéon, vu que famille ordinaire et tout, et on ne le répètera plus, ça, « famille ordinaire », merci. Le rebelle, celui qui se coupe pas les cheveux, n’est pas toujours très propre, et dit « fuck la famille », ce serait un peu le paramoteur, qu’il dit, le Gédéon.
Mais c’est quoi, le paramoteur ? C’est un truc, que ça le Gédéon, y comprend pas comment
c’est possible. Alors bon, y’avait le delta, qui permet de jouer à une sorte de vol à voile de poche. Pour être encore plus de poche, parce que le delta c’est très chiant, et lourd, et long à monter, tout, on a trouvé le parapente, que au début c’est un parachute qu’on se jetait dans la pente avec, puis après, un jour, ça c’est mis à planer. Les anglais l’ont compris, qui ont appelé ça « paraglider », c'est-à-dire « paraplaneur ». Les français, non, ils continuent de faire comme si ça descend encore le long de la pente. D’ailleurs, ils l’ont réinventé, le celui qui descend à fond les bielles dans la pente, qu’ils appellent ça le « speed riding » ou « speed gliding », selon que tu mettes ou pas des skis aux pieds. Mais on s’en fout, de ça, et le paramoteur, là-dedans ?
Ben le paramoteur, c’est un parapente, donc un truc léger et facile à mettre en œuvre, que l’on rend lourd et chiant à opérer. Bon. Le Gédéon s’arrête là, que des gens vont encore lui écrire pour dire que le pendulaire, c’est un delta chiant, et qu’un avion, c’est le merdier de Lilienthal rendu lourd et tout, qu’ils n’auront pas tort, du reste. Et alors, c’est devenu plus compliqué que le parapente à cause qu’en plus du chni de ficelles, on te leur a ajouté un moteur dans le dos, que pour décoller, le mec, on dirait une sorte de danseuse étoile sur le Lac des Cygnes, mais qui aurait perdu son étoile depuis longtemps, quand même, la danseuse, et que le cygne serait redevenu le vilain canard. Si, si, regarde bien, ils sont là, à courir, le dos bien droit à cause du truc qui pousse, les mains en l’air, les yeux écarquillés, que des fois ça foire, ça se vautre, pour le plus grand bonheur des vidéastes, et aussi des héliciers, merci. Mais bon, ils se marrent bien avec leurs trucs, que le Gédéon, s’il était moins vieux, il se dit que ce machin lui irait bien, pour surveiller ses pommiers, et aussi pour faire le rebelle, que ça lui va bien, regarde.
Parce que oui, alors, les ceux-là, l’ULM, ils s’en contrefoutent, pour la plupart, force mille ! Ils en sont, des ULM, réglementairement, vu qu’ils sont pas certifiés. Ils font quand même légèrement moins de 450 kilos, rapport que ça se porte sur le dos, donc pour la définition littérale, a priori pas de problème. C’est même le plus ULM de tous les ULM ! En revanche, pour ce qui est de l’appartenance à la grande et belle famille, là, tu repasseras. Rien à foutre, qu’ils en ont. D’ailleurs, ils le disent. Il y a les paramoteurs, et l’ULM. Un club ULM ordinaire, il y a des ULM de toutes espèces. Un club paramoteur, c’est comme ça dit, point. Ça se mélange pas, le paramoteur. Ça fait ses fêtes et salons dans son coin, il lui faut sa commission fédérale à lui, ça veut son magazine tout seul, ça cause sur Internet entre eux…enfin, ça s’engueule, beaucoup, entre eux, qu’ils font aussi des sous groupes, selon que t’es jaune ou pas (plutôt « ou pas », d’ailleurs), selon que t’as des roues, selon que t’as des réflexes ( ?), etc. « Ah oui, madame, si t’as des roues, t’es pas complètement un vrai », qu’il a vu qu’ils disent, le Gédéon. Bon bref, voilà, c’est le petit frère à part, pas tout seul dans sa tête, qui sait pas trop ce qu’il veut et se bagarre avec lui-même, qui renie sa famille sauf à l’heure des repas, que si on lui dit « ok, tu veux te la jouer je suis grand t’as qu’à te barrer », lui non, il veut rester quand même, comme tous les ados qui se cherchent un peu...
Mais bon, les autres membres de la famille sont attendris et l'aiment bien, le rebelle, quand-même, et seraient presque un peu jaloux de son indépendance, à y regarder de près. Si, si...en tous cas le Gédéon, lui qui en a rien à foutre de personne, il se découvre qu'il serait bien une sorte de paramotorien qui s'ignore...
« Les familles, l’été venu, se dirigent vers la mer en y emmenant leurs enfants, dans l’espoir, souvent déçu, de noyer les plus laids, » dit Alphonse Allais.
Alors, c’est qui le plus laid ?
A suivre…
